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Nous avons rassemblé les courriels envoyés durant notre voyage ci-dessous. Ce sont les textes originaux, tels quels: avec fautes, erreurs et tout le reste (même chose pour les courriels en anglais).
- Mail du 25 Aug 2016: Nous repartons au Népal…
- Mail du 01 Sep 2016: Kathmandou
- Mail du 13 Oct 2016: Circuits du Manaslu et des Annapurna, Pokhara
- Mail du 22 Oct 2016: Trek Manaslu, Kathmandou
- Mail du 13 Nov 2016: Everest, Janakpur et Pokhara
- Mail du 10 Dec 2016: Népal 2016 - Fin d'une histoire d'amour?
Subject: Nous repartons au Népal…
Date: Thu, 25 Aug 2016
Chers tous, Comme beaucoup d'entre vous le savent déjà, nous sommes sur le départ pour … eh oui … le Népal. Nous entendons vos commentaires: encore? Oui, mais cette fois-ci, c'est un peu différent. Tout d'abord, nous partons durant la mousson; nos amis népalais nous ont toujours dit que nous ne connaîtrons pas vraiment le Népal, tant que nous ne l'aurons pas vu dans la saison des pluies. D'accord, mais en ce moment, lorsque nous regardons les prévisions météo pour Kathmandou, nous nous demandons si c'est vraiment une bonne idée: pluie et orages tous les jours. Nous verrons bien! Ensuite, cela sera notre première visite après l'épouvantable tremblement de terre d'avril 2015 et nous voulons nous rendre compte de la situation sur place nous-mêmes, aussi bien à Kathmandou que dans les villages de montagne (particulièrement auprès du Manaslu). Le tourisme n'a pas encore redécollé après cette crise, et notre ami népalais a du mal à remplir son hôtel: pour un pays comme le Népal, le tourisme est une importante source de richesses et chaque touriste compte… Comme d'habitude, nous serons en trek dans les montagnes et aurons peu d'accès à internet, nos messages ne seront donc pas aussi fréquents que lors de nos autres voyages. En principe, après quelques jours à Kathmandou, nous partirons tout d'abord pour le tour du massif du Manaslu (avec un guide). Ce trek finit sur le circuit des Annapurnas, où notre guide nous quittera et où nous continuerons seuls pour en faire le tour. Tout cela nous prendra 35 jours environ. Après quelques jours à Pokhara aux bords du lac Phewa, nous repartirons sur Kathmandou et préparerons notre deuxième trek: une trentaine de jours en indépendents jusqu'au camp de base du Makalu puis une exploration en dehors des sentiers battus dans les contreforts de l'Everest: un coin que nous connaissons bien. Notre prochain message viendra donc de Kathmandou. En attendant, nous vous invitons à vous rendre en Birmanie, pour faire un tour dans les temples de Bagan, victimes hier d'un séisme de 6.8 sur l'échelle de Richter (contrairement au séisme italien, il semble y avoir heureusement peu de victimes humaines, mais de nombreuses pagodes n'ont pas résisté au choc). trvl2.com/SEA14/photos/Temples_of_Bagan Sur ce, grosses bises et à bientôt Véro et Thomas
Subject: Kathmandou
Date: Thu, 01 Sep 2016
Chers tous, Le temps passe, et déjà cinq jours passés à Kathmandou et ses environs. Voilà donc nos premières impressions. Jusqu'à maintenant, la mousson nous est bienveillante: si il pleut, c'est dans la nuit, mais bon, ce n'est pas fini, nous partons pour notre premier trek dimanche prochain, et c'est là que cela devient crucial! Le tremblement de terre d'avril 2015: étonnament, on en voit peu de traces au premier abord. Les grandes places monumentales des vieilles villes de la vallée et de Kathmandou semblent les plus touchées: là, on remarque tout de suite les espaces béants laissés par les temples disparus, et cela fait un choc lorsque l'on revient sur place. Mais ce ne sont pas tous les temples qui sont touchés: à Kathmandou, peut-être un tiers, Patan semble avoir mieux résisté, mais là aussi, il manque certaines structures. Patan, est déjà en train d'être restauré grace au gouvernement Japonais. A Kathmandou, rien ne semble bouger. En tout et pour tout, en comptant les petits temples de quartier, nous pensons qu'un bon quart de ces structures a été détruit… Quant aux batiments d'habitation, nous estimons environ un sur 10. Les nouvelles structures en béton ont très bien résisté, ce sont les anciennes maisons, ou celles construites un peu n'importe comment qui ont souffert. L'image de la ville n'a pas changé, on remarque simplement de temps en temps un trou béant dans une ligne de maisons, des toits effondrés, des pans de murs soutenus, ou des maisons de 4-5 étages qui n'en comptent plus que deux… Cela ne semble pas donc trop dramatique. Mais il ne s'agit pas que des batiments: l'infrastructure existante, déjà bien mal en point a beaucoup souffert: l'état des routes est horrible et quelquefois, on voit encore des tas de débris, briques alignés le long des routes, en attente d'être ré-utilisés. En fait, les pires victimes sont les Népalais: ils semblent avoir perdu leur bonhomie et optimisme habituels, qualités qu'ils ont jusqu'à maintenant toujours su garder en face de l'adversité. Depuis la mort de la famille royale en 2001, il semble que les choses n'ont fait qu'empirer: les maoistes, les difficultés économiques, le tourisme chancelant… et alors que chacun pensait que cela ne pouvait que s'arranger, arrive ce tremblement de terre. Nous avons discuté avec pas mal de Népalais ces derniers jours, et beaucoup sont encore, après plus d'un an, dans un état de choc. Quelque uns parlent d'un cauchemar qui n'en finit pas, certains ont encore peur de rester à la maison. Nous avons longuement discuté avec un maitre de bols chantants (thérapie par les sons) qui a vécu pendant des mois avec sa famille dans une tente… non parce que sa maison avait été détruite, au contraire, elle a bien tenu le choc, ce dont il est très fier, mais lorsque le séisme s'est déclenché, il était dans sa boutique qui s'est écroulée autour de lui, et depuis, il a peur et nous avoue avoir recours à un petit verre le soir pour s'endormir… Et ce n'est qu'une histoire parmi tant d'autres. Les effets du séisme sont plus visibles dans les visages tristes et tirés des Népalais que dans leurs batiments et leurs infrastructures. Ce séisme est à mettre dans la même catégorie que le massacre de la famille royale en 2001: un de ces évènements qui marquent une nation jusque dans son coeur et dont elle aura beaucoup beaucoup de temps à se remettre. Le Népal en 2016, est un pays triste qui a beaucoup perdu de son ame. Nous commencerons notre trek dimanche, avec un changement de plan: nous ne ferons pas Manaslu (problèmes d'organisation), et nous contenterons du circuit des Annapurnas, et nous avons l'intention de bien prendre notre temps, avec beaucoup de détours pour bien en profiter. Comme toujours dans les montagnes, l'accès à internet est presque inexistant, le prochain message viendra peut-être de Manang, dans une quinzaine de jours. Grosses bises Véronique et Thomas
Subject: Circuits du Manaslu et des Annapurna, Pokhara
Date: Thu, 13 Oct 2016
Chers tous, Désolés pour notre long silence… nous sommes enfin arrivés à Pokhara, après 36 jours de trek, et tout le long du chemin, nous n'avons pas trouvé de cyber café: avec Wifi et Facebook, leur temps semble révolu, peut-être aussi le temps pour nous de repenser nos communications, car écrire un long mail sur le smartphone, n'est pas vraiment possible. Bon, retournons à Kathmandou. Dans notre dernier mail, nous vous avions annoncé que nous ne ferions que le circuit des Annapurnas, car nous n'arrivions pas à organiser le circuit du Manaslu comme nous le voulions. Cependant, au tout dernier moment, un de nos amis Népalais qui tient une agence de voyage est juste revenu d'un trek au Tibet et a pu organiser tout ce que nous voulions en deux coups de cuiller à pot! Comme quoi… Du coup, le 4 septembre, nous avons pris le bus, direction Arughat, le départ du circuit du Manaslu. Certains d'entre vous croient que nous sommes fous de faire de si longs treks. Et bien il y a pire… le comble de la folie est de le faire pendant la mousson. Le circuit du Manaslu est soi-disant protégé des pluies… ce ne fut pas le cas pour nous. Il a plu presque tous les jours, souvent en fin d'après-midi et pendant la nuit, mais le pire c'est que la couverture de nuages était telle que nous n'avons RIEN vu des montagnes. En 15 jours de Manaslu, nous n'avons vu la montagne qu'une seule fois, et ce pour 15 minutes au petit matin. Cependant, le trek fut quand même très intéressant, car Manaslu est une région assez sauvage qui ne voit pas beaucoup de touristes et traverse des paysages très rudes (vallée très encaissée, dense foret, villages isolés). Un gros probleme rencontré fut les glissements de terrain et les départs d'éboulis omniprésents (deux semaines après notre passage, un groupe de trekkers espagnols avec guide et porteurs a été victime d'un tel glissement de terrain: 5 morts.) Nous écrirons un message séparé pour relater nos aventures et observations sur le Manaslu une fois que nous serons rentrés, car il y a beaucoup à raconter… Après 15 jours de pluie et de sentiers boueux et glissants, nous avons rallié le circuit des Annapurnas et quelle différence! Belles lodges, relativement beaucoup de touristes (si nous avons vu en tout et pour tout 10 autres touristes sur le Manaslu, nous en avons vu autant dans les 30 premieres minutes sur les Annapurnas). Nous avons pris notre temps, avons fait de nombreux détours (par exemple le lac Tilicho au pied de la Grande Barrière sur les traces de Maurice Herzog), et surtout, surtout, le temps s'est amélioré. Thomas a pu prendre de belles photos, que nous posterons sur notre site web à notre retour. Sur les Annapurnas, nous avons pu voir les changements apportés par les routes, qui mangent lentement mais surement les chemins nepalais. Du cote de Manang, pas trop de différence, il y a à peine de circulation et la vallee est assez large pour laisser au sentier son caractere d'origine. De plus, après 15 jours de glissades sur le Manaslu, nous étions très contents de pouvoir marcher sur un sol ferme et une voie large! Après Manang, de toute façon, et jusqu'au col de Thorong La (5416m) et Muktinath, les trekkers sont toujours rois. Par contre, de l'autre cote du col, la route a completement changé le caractere du trek: beaucoup de circulation, elle laisse aussi une horrible cicatrice sur le paysage de la vallée. Il y a bien des sentiers alternatifs qui ont ete crées, mais ils sont assez artificiels (bien sur) et ne sont pas très bien entretenus, car la plupart des gens prennent maintenant le bus ou une jeep pour rallier Pokhara des qu'ils ont passé le col. Dommage. Nous avons bien sur decidé de marcher jusqu'à la fin et d'atteindre Pokhara à pied. Au début d'octobre, nous avons atteint les contreforts suds du massif des Annapurnas et avons eu un choc terrible à la vue du nombre soudain de trekkeurs sur les chemins: la saison a commencé! Et avec elle sont arrivés les groupes, avec en plus l'addition de nouveaux visiteurs… les Chinois … Voisins du Népal, ils n'ont pas loin pour venir, et malheureusement pour nous semblent avoir enfin découvert le potentiel du pays… Comme partout, ils sont très genants et intrusifs, arrogants et incroyablement impolis. Nous étions trop contents d'être sur le chemin du retour et de ne les voir que pour deux - trois jours… Nous voici donc à Pokhara où nous avons fait une bonne lessive et relaxons maintenant aux bords du lac en reprenant quelques forces avant de repartir. Nous quitterons Pokhara après demain et regagnerons Kathmandou par le chemin des écoliers en passant par Tansen, Butwal et Daman. Nous enverrons notre prochain message de Kathmandou dans une dizaine de jours, et vous tiendrons au courant de notre prochain projet de trek… Sinon tout va bien, nous sommes en pleine forme, les muscles fonctionnent à merveille, nous avons bien maigri et mangeons comme des ogres! Grosses bises à tous Véronique et Thomas
Subject: Trek Manaslu, Kathmandou
Date: Sat, 22 Oct 2016
Chers tous, Nous sommes arrivés hier à Kathmandou. Apres un repos bien mérité à Pokhara, nous sommes partis pour Tansen, une petite ville à mi-chemin vers le Terai et la frontiere indienne. C'était notre 3e visite, mais cette fois-ci, nous avons trouvé que l'endroit avait beaucoup perdu de son charme: avec l'expansion continuelle des routes, elle est devenue un noeud de communication important pour les villages des environs, ce qui veut dire, un nombre incroyable de bus et de jeeps pétaradants, partant dans toutes les directions, sur des routes poussiereuses… les balades que nous faisions autrefois le long de routes paisibles sont devenues stressantes, et même le hit du coin, une promenade vers la vallee du Kali Gandaki, s'est transformé en une route caillouteuse dont la construction a détruit le vieux chemin… Ainsi va le progres! De Tansen, nous sommes descendus dans le Terai, la grande plaine entre le Népal et l'Inde, et avons fait étape à Hetauda, ville agréable, assez petite qui nous a donné la nostalgie de l'Inde, avant de repartir vers KTM en empruntant une route coupant dans les montagnes pour rallier le Terai à la vallée de Kathmandou. Cette route fut construite par l'armée indienne dans les années 50 et est un petit joyau, elle serpente et grimpe dans les montagnes, offrant des vues imprenables et impressionantes sur les vallées et cretes environnantes. Ce fut la premiere route connectant Kathamandou au reste du monde, elle n'est plus beaucoup empruntée aujourd'hui et voit peu de circulation, un autre atout. Vraiment une bonne idée d'être passé par la. Nous nous sommes arretés à mi-chemin dans le petit village de Daman où nous avons passé deux jours et d'où l'on a, par beau temps, une vue impressionante sur la chaine des Himalayas népalais: du Dhaulagiri à l'ouest, au Kanchenjunga à l'est. Nous avons eu de la chance le deuxieme matin et avons bien pu voir la partie ouest, du Daulaghiri aux massifs du Ganesh et Langtang Himal, en passant par les Annapurnas et (enfin!) le Manaslu. Les montagnes plus à l'est étaient trop floues et difficiles à reconnaitre, on n'en voyait que les silhouettes. Nous quitterons Kathmandou lundi matin pour un trek de 3 semaines dans la région de l'Everest. Cependant, nous resterons à “moyenne” altitude, entre 2500 et 4500 m et n'avons pas l'intention de passer par Namche et les vallées en haute altitude. D'abord parce que nous l'avons fait tant de fois, que nous ne voulons pas le faire en pleine saison, et de plus, nous voulons explorer les contreforts et profiter de la vie dans les villages. Quelques mots sur notre trek du Manaslu. Cette region est située au centre du Nepal, et n'est donc pas difficile d'acces comme l'est l'Ouest du Nepal. Pourtant, elle est relativement isolée et voit peu de touristes. Le fleuve Buri Gandaki a creusé une vallée très encaissée, souvent affectée par des glissements de terrain, ce qui la rend difficile d'acces et assez dangereuse. Chaque mousson apporte son lot d'éboulements et nous en avons vu un très récent, qui nous a bien fait peur… La population est en majeure partie très pauvre et il y a peu de villages, plutot des fermes isolées. Le gouvernement et même le “Manaslu Conservation Area Project” ne font pas grand chose pour soutenir les gens qui y vivent. Nous avons eu l'impression que les permis et autorisations que nous avons du payer, ne servent pas au bien de la région, mais finissent probablement dans les poches de quelques personnes… Juste un exemple: les écoles endommagées par le tremblement de terre de 2015 n'ont toujours pas été reconstruites, par contre on voit beaucoup de lodges en train de se construire, certaines avec des fonds étrangers. On se demande pourquoi, surtout lorsque l'on considere le nombre relativement faible de touristes… Du coup, les enfants sont envoyés à Kathmandou si les parents peuvent se le permettre, ou ne recoivent pas d'éducation (à part par des moines locaux). Les paysages sont sauvages et les treks sont “challenging”, en fait un terrain parfait pour nous, si seulement on avait eu meilleur temps… D'un autre côté, découvrir cette region fut très intéressant et nous avons pu voir comment les gens vivent de très près. Nous avons ainsi suivi pour plusieurs jours des caravanes de mules et de yaks, partageant les memes lodges, et avons pu observer leur mode de vie et de travail. Il y a beaucoup de commerce avec la Chine, qui se fait par caravanes de yaks le long de cols tibétains. Leur produit principal d'importation est, qui l'eut cru, du ciment… La plupart des villages en altitude sont de très forte influence tibétaine, dans l'architecture et la maniere de vivre. En fait, Samagaon, le principal village de la région, doit aujourd'hui assez ressembler au Namche Bazaar du début des années 60. Le vieux village est toujours la, completement habité, et un nouveau se developpe à côté, abritant les lodges. En comparaison, Namche, est devenu aujourd'hui un gigantesque complexe de lodges et magasins pour touristes, et malgre les efforts de quelques Sherpas pour préserver leur culture, ce sont money et big business qui donnent la direction. Nous avons vu 4 ou 5 petites expéditions, en route vers le sommet du Manaslu, mais la saison cette année ne semble pas avoir été propice, la mousson a duré trop longtemps. En tout cas, elles étaient minuscules, en comparaison avec les expéditions pour l'Everest qui se mettent en branle tous les avrils… Notre prochain message viendra à notre retour de trek, dans 3 à 4 semaines. Tout va bien, nous sommes en pleine forme et d'attaque pour les prochaines semaines. Grosses bises Veronique et Thomas
Subject: Everest, Janakpur et Pokhara
Date: Sun, 13 Nov 2016
Chers tous, Surprise, nous sommes de retour à Pokhara, après 14 jours de treks passés dans les contreforts de la région de l'Everest. Comme d'habitude, la région était tranquille et relativement “basic”, d'autant plus que nous l'avons trouvée durement affectée par le tremblement de terre d'avril 2015. En fait, nous n'avons vu nullepart pire ravages et destruction durant notre séjour: à Bhandar, un des villages où nous restons toujours, toutes les lodges (environ une dizaine) ont été détruites et sauf une, sont encore en ruines. Nous n'avons même pas pu retrouver l'emplacement exact de lodges que nous connaissions bien… incroyable. Pour ceux qui connaissent le coin, les villages jusqu'au col de Lamjura La ont subi le même sort: Kenja et Sete n'ont plus que deux ou trois lodges, le reste a disparu. Et ces lodges étaient des batiments assez “imposants”, imaginez donc l'état des habitations “normales”… Beaucoup de familles ont quitté leur maison et la région, certains villages se dépeuplent, et nombre de ceux qui restent sont forcés de vivre dans des situations très précaires, du genre remise en bois, à côté de leur maison maintenant inhabitable. Ces scenes nous ont fortement impressionés et profondement attristés, surtout que nous n'y étions pas vraiment préparés après ce que nous avions vu à Kathmandou et sur le Manaslu. Heureusement, après le col de Lamjura La, la situation s'améliore et plus on “monte” vers Namche, moins les villages sont affectés. Junbesi a quand même été pas mal frappée aussi. Quant à nous, après avoir passé le col de Lamjura (~ 3500 m), nous avons tous les deux attrapé un mauvais rhume, ce qui nous a amené à passer trois jours à Junbesi au lieu des deux que nous avions prévus. Thomas a eu du mal à récuperer, et nous avons donc continué très lentement jusqu'à un endroit où nous voulions toujours nous arreter mais ne l'avions jamais fait dans toute notre histoire…. Il s'agit de l'endroit où l'on peut voir Everest pour la 1ere fois en montant à Namche. Souvent, les nuages obstruent la vue vers 10 h du mat, le meilleur moment pour admirer la chaine de montagnes est donc le matin et nous avons donc pu observers Everest, Thamserku, Kang Tega, Kusum Kanguru and Mera Peak dans toute leur beauté. Nous sommes restés dans cette lodge (exposition plein sud, soleil toute la journée!) pendant trois jours, avons fait des balades aux alentours, vraiment un beau souvenir et idéal pour se remettre. Mais à cette altitude (3000 m environ), le froid se fait déjà bien ressentir et nous n'avions plus envie de continuer: nous avons donc décidé d'abandonner notre trek, de “descendre” vers Phaplu/Sallieri pour y prendre une succession de bus qui nous amenerent en deux jours dans la plaine du Terai: l'appel de la chaleur était trop fort, plus fort que la perspective de longues soirées dans des lodges frigorifiques à attendre notre Dal Bhat! Nous avons passé deux jours à Janakpur, avec son temple pastel dédié à Sita, la fidele femme de Rama (voir la légende du Ramayana), et avons apprecié l'ambiance très chaotique et très indienne de cette ville. Un bus de nuit nous a ensuite amené à Pokhara, où nous lézardons au soleil et passons agréablement le temps. Les journées sont chaudes (26 C), mais les nuits déjà fraiches (18 C max). En fait, faire un deuxieme trek après un premier de 5 semaines était un peu trop ambitieux, l'enthousiasme a disparu … Et ici encore, comme en fait durant tout notre séjour, nous sommes un peu décus par la météo: octobre/novembre sont soi-disant les meilleurs mois pour des vues totalement claires des sommets, ce ne fut pas le cas cette année (et nous avons vécu des automnes vraiment formidables dans le passé, mais cette année, non, pas de chance). Effets du global warming ou simple accident météorologique ? Nous restons ici pour quelques jours avant de rejoindre Kathmandou, retour en Europe dans une dizaine de jours. Nous sommes à nouveau en pleine forme et tout va bien. Thomas reste fidele à son régime de Dal Bhat, Vero, elle est passé au régime spaghettis et burgers végétariens… Grosses bises à tous, Vero et Thomas
Subject: Népal 2016 - Fin d'une histoire d'amour?
Date: Sat, 10 Dec 2016
Chers tous, Nous voici de retour en Angleterre depuis une dizaine de jours, tout va bien et il est temps de prendre le clavier pour vous faire part de nos impressions après ces trois mois passés au Népal. Comme le titre du message le laisse suggérer, ce voyage a un peu refroidi notre enthousiasme, et nous allons essayer de vous expliquer pourquoi… 1. Le Népal en tant que pays Le Népal est un état défaillant (failing state) et est en passe de devenir un état failli (failed state).Nous le savons depuis une bonne dizaine d'années, mais ce dernier voyage nous l'a rappelé plus que jamais, au point qu'il devient de plus en plus difficile de fermer les yeux. Il suffit de voir les écoles endommagées ou détruites du Manaslu, de discuter avec les habitants de Bhandar, qui attendent toujours après un an et demi un avis positif de l'État (et un peu d'argent) pour pouvoir reconstruire leurs maisons et s'apprêtent à passer un nouvel hiver dans des refuges de fortune, ou simplement regarder autour de soi et constater l'état calamiteux des infrastructures du pays, que ce soit les routes, le réseau d'alimentation en eau, les égouts (et la plupart de ces problèmes n'a rien à voir avec le tremblement de terre de 2015)… Le gouvernement népalais, de quel bord qu'il soit, ne sert pas son peuple, et ce depuis plusieurs décennies. Ce n'est pas faute d'argent. Grâce aux aides internationales, le Népal a des milliards à disposition. Mais les élites népalaises (et ce depuis des siècles) ne sont pas intéressées par leurs compatriotes, elles n'ont qu'un interêt en tête, le leur, et ont instauré un système de kleptocracie incroyable. Dire que le Népal est un pays corrompu est faire injure à d'autres pays “simplement” corrompus, tels l'Inde où la corruption est certes endémique mais existe à tous niveaux et dont pratiquement toutes les couches de la société “profitent”. Les élites népalaises sont différentes.. elles pratiquent le vol à une échelle monumentale, et ce souvent sous les yeux indulgents de nombreuses organisations donatrices occidentales. Le tremblement de terre d'avril 2015 fût une très bonne affaire pour les politiques népalais (et pour quelques donateurs occidentaux aussi… mais c'est une autre histoire.) Ce qui n'arrange pas la chose, c'est que les Népalais, typiquement, lorsque confrontés à un problème ou aux aléas de la vie, cultivent l'indifférence et le détachement: ils se contentent de hausser les épaules et de dire “Ke garne?” “Que faire?”. Après des décennies de mauvaise gestion, les Népalais ont appris à accepter et à maîtriser l'adversité et des situations pour nous “inacceptables”; il n'y a presque pas de débat dans le pays sur l'état des affaires et comment elles pourraient s'améliorer. Tous acceptent les faits, aussi lamentables qu'ils soient, s'attendent à ce qu'ils s'aggravent encore, et sont persuadés qu'il n'y a rien à faire. C'est comme une combinaison des deux maximes britanniques poussées à leur paroxysme: “Mustn't grumble! - faut pas s'plaindre” et “Can't be bothered! - ça vaut pas la peine” . Nous aurions encore beaucoup à dire à ce sujet, mais cela ne ferait qu'enfoncer le clou: le Népal est un état failli. Il y a cependant une lueur d'espoir qui, à long terme, permet quand même d'espérer des jours meilleurs: le nombre toujours croissant de jeunes Népalais, éduqués, qui ne veulent plus accepter ce que leurs parents ont accepté jusqu'à maintenant, et l'émergence d'une réelle et substantielle classe moyenne. 2. La vallée de Kathmandou est en train de mourir Ce n'est pas nouveau. En 1994, lors de notre première visite, la vallée avait déjà des difficultés A l'époque, il y avait environ un million d'habitants dans la vallée. L'alimentation en eau était insuffissante, les égouts défectueux et la pollution de l'air tuait des gens tous les jours. Certaines choses se sont améliorées dans les années suivantes, surtout la pollution de l'air, lorsque les tuk-tuks furent interdits de circulation et remplacés par des véhicules électriques. Peine perdue… Aujourd'hui, 22 ans plus tard, il y a plus de 5 millions d'habitants dans la vallée et les fragiles infrastructures ne tiennent plus. Par faute d'entretien, la moitié des routes et des rues (même au centre de Kathmandou) a perdu son revêtement et s'est transformée en piste poussiéreuse ou gadouilleuse selon la saison. Le voile brun que l'on voit flotter au dessus de la vallée, provient entre autres de la circulation automobile , en pleine progression, et est assez impressionnant (maintenant, même en octobre après la mousson, les montagnes enneigées situées au nord de la vallée ne sont plus blanches: on ne voit qu'une ombre grise, causée par la poussière et la pollution de l'air.) Et les grandes villes restent victimes du load-shedding, consistant à couper le courant quotidiennement pour certaines heures de la journée. Oui, la vie dans la vallée est supportable lorsque l'on a de l'argent: ceux qui le peuvent s'équipent de filtres à air, se font livrer quelques milliers de litres d'eau chaque semaine et font tourner leur maison grâce à des inverteurs et des batteries. Et le reste? Le reste accepte des conditions de vie lamentables. Sans se plaindre et sans velléité de changement, ce qui ne fera pas bouger les choses de si tôt. 3. Trekking Le Népal a toujours été LE pays pour faire du trekking. Ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi: les sommets les plus hauts du monde, des habitants chaleureux et accueillants, un large réseau de sentiers sillonnant des paysages incroyables. Mais les choses changent aussi. Les hôtes, dans les lodges, sont devenus âpres au gain, et semblent seulement intéressés par l'argent et comment faire plus de business. Ce n'est pas répréhensible, tout hôtelier dans notre monde occidental fonctionne de la même manière. Mais ce qui nous énerve, c'est que les Népalais se “vendent” eux-mêmes comme étant parmi les plus accueillants du monde: mais c'était avant! ces temps sont révolus, et ce n'est plus qu'une formule de marketing vide! La cupidité des aubergistes Sherpa ou Gurung est devenue telle, que même les plus novices des touristes commencent à se rendre compte des prix fantasques et éhontés demandés pour les choses les plus simples comme une tasse de thé. D'un autre côté, le tourisme de masse et le trekkeur moderne sont une cause essentielle de cette mutation: beaucoup d'entre eux, sans réfléchir, attendent d'une lodge située à 4500 m d'altitude et à cinq jours de marche du prochain pylône électrique le même niveau de confort et de facilités qu'à la maison. Que ce soit une connexion wifi, de l'eau chaude à la demande, des salles de bains dans les chambres (!), des croissants frais… C'est devenu tel que les lodges aujourd'hui doivent investir et se moderniser ou disparaître. Traditionnellement, les lodges gagnaient leur argent grâce aux repas, dîner et petit déjeuner, et les chambres étaient souvent gratuites, car sans aucun confort. Maintenant, avec des trekkeurs toujours plus demandeurs, le coût de toutes ces extravagances doit être porté par des repas et des boissons qui atteignent par endroit des prix vertigineux. Nous avons parlé avec de nombreux aubergistes conscients de cet état de choses et certains regrettent le bon temps, lorsque les lodges étaient simples, les trekkeurs heureux d'avaler leur dal bhat tous les soirs autour du poêlle enfumé, et où personne ne savait ce que voulait dire wifi. Et le fantastique réseau de sentiers? En ce moment, il est en passe d'être supplémenté/remplacé/détruit par un nombre croissant de pistes qui cicatrisent les montagnes. Les Népalais sont ambivalents à ce sujet: d'un côté, c'est bon pour le business car elles apportent de nouveaux visiteurs (le tourisme domestique est en forte et constante augmentation). C'est aussi bien car elles rendent les villes et villages plus accessibles, l'approvisionnement et l'échange de marchandises est plus facile. D'un autre côté, ils savent qu'un trop fort développement peut dégrader et même détruire ces mêmes paysages qui attirent les foules. Certains villages sont défigurés, les jeunes partent plus facilement, et à la place du progrès attendu, on voit le long des routes des bouis-bouis de fortune, vendant toutes les mêmes choses et abritant leur lot d'adultes désoeuvrés. Donc, ils sont en faveur de la route, mais si le village voisin veut y être raccordé, là il y a problème. Beaucoup de Népalais avec qui nous avons parlé sont aussi ambivalents quant à l'avance du progrès: ils aiment les nouvelles possibilités qui s'offrent à eux, l'internet, les portables et smart phones, les shows indiens à la télé 24 heures sur 24, et tout le reste. Mais ils sont aussi conscients qu'ils sont en train de perdre quelque chose: la simplicité de la vie, la solidarité des communautés, comment “avant” il suffisait d'avoir assez de riz et de soupe de lentilles sur la table pour être heureux (choses qui n'ont jamais manqué!) et l'argent n'avait pas tant d'importance. Nous ne voulons pas dire que le temps devrait s'arrêter au Népal, loin de là, et il est clair que les progrès apportés par l'électricité, les téléphones portables, etc sont essentiels et 100% bénéfiques aux Népalais. Le fait est (et c'est où nous voulons en venir) que le Népal était autrefois un endroit simple mais magique, et nous sommes tombés amoureux de cet endroit. C'était notre coin de paradis, une sorte de retour aux sources où l'on pouvait tout oublier. Le Népal d'aujourd'hui, dans notre monde globalisé, est devenu au fil des années un pays comme les autres. Triste mais inévitable. Après avoir accompagné cette mutation au fil de nos visites, nous avons le sentiment qu'il est temps pour nous de tourner la page. Nous voulons préserver nos souvenirs de ce pays enchanteur, tel que nous l'avons connu et appris à aimer. Cela ne veut pas dire que nous ne retournerons plus jamais au Népal: ses habitants et ses paysages sont toujours uniques et nous avons nos adresses et nos contacts. Mais le temps des visas de trois mois et des longs séjours est passé. Nous n'y retournerons que pour des visites ciblées, plus courtes et veillerons toujours à avoir un visa indien dans nos passeports ;-) Aussi, cela ne veut surtout pas dire que nous déconseillons un voyage au Népal. Au contraire. Le Népal est toujours un pays fascinant, et ceux qui s'y rendent pour la première fois ont autant de chances d'en tomber amoureux que nous en 1994. Beaucoup se plaindront de la pollution, des infrastructures déficientes et des prix exorbitants, mais une fois dans les montagnes, ils seront tout autant ébahis par la beauté des paysages et des montagnes et charmés par ses habitants que nous l'avons été. Le Népal est et reste une destination de choix, et nous encourageons chacun à le découvrir. Assez pour maintenant, nous avons l'intention de travailler sur notre site web pour partager photos et récits de notre voyage, vous tiendrons donc au courant lorsqu'il y aura quelque chose à consulter. Grosses bises à tous Véronique et Thomas
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